Qui êtes-vous ?

En guise de bienvenue !

"... c’est en tous temps et en tous lieux que je peux prouver qu’il est possible de vivre sa liberté ; que vivre n’est pas une habitude qui se poursuit à mon insu, et que je peux, jusque dans les formes figées de la société, saluer en moi, comme en chacun, la ressemblance divine."

21.4.06

Passez-moi le désert







D'abord, il ne reste à peu près plus personne pour seulement, secrètement, silencieusement, souverainement - lire.
Parce qu'on n'est plus jamais seul, parce que l'intimité est fracassée, le bruit partout, la servitude tout équipée.
Ensuite, la tristesse a plus d'amour, d'élan même, sans dire sa grandeur lorsqu'elle approche la rive des toutes premières étoiles oubliées, que vos pauvres amours à l'étalage, vos sentiments soldés pour qu'un miroir brille, mais il ne s'agit que de vitrine, comme toujours.
La tristesse, oui, comme deux mains jointes, notre prière retrouvée, l'eau vive qu'on recueille, goutte à goutte, dans la suite précieuse de nos deuils ignorés. C'est là que l'homme sait : où il en est, l'éclipse qu'est sa vie, et cette énigme universelle :
sentinelle, où en est la nuit ?

Il n'y a plus de sentinelle, d'autres combats font rage, l'actualité a ses troupes partout, qui nous occupent, et font mentir tout ce qu'elles tuent.
Que dire de l'amitié, temple des cœurs, détruit par les marchands, les vendeurs d'âme que chacun porte en soi. Pour l'amitié, nous n'avons pas le temps, le stock est épuisé, il faut courir derrière les ombres, et cela coûte cher, cela prend une vie.
Et il n'y a plus de mort non plus, juste une vague peur, qu'on laisse se retirer, l'ennui est préférable, les vieux n'en sont plus, reste une effroyable éternité à l'agonie, en chaque seconde qui se meurt, derrière les geôles des regards égarés.
Et vous voudriez que j'achète vos promesses ? Et que je négocie ? Vous m'invitez à visiter vos rêves, qui n'en sont pas, mais vous ne savez pas, oui, cet océan sans fin de la tristesse fraternelle, cette terreur maternelle à quoi vous préférez n'importe quelle nouveauté : oui, je n'ai pas voulu l'abandonner, j'attends d'elle le signe, je saigne pour ses ailes, et je préfère sa plainte déchirée à la complaisance de vos désirs, depuis longtemps muets.

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