Qui êtes-vous ?

En guise de bienvenue !

"... c’est en tous temps et en tous lieux que je peux prouver qu’il est possible de vivre sa liberté ; que vivre n’est pas une habitude qui se poursuit à mon insu, et que je peux, jusque dans les formes figées de la société, saluer en moi, comme en chacun, la ressemblance divine."

31.12.05

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Goodbye my lover, version universelle

Goodbye my lover
(version universelle)

Tu n'as jamais suivi mes pas
Ni voulu de ma foi
L'aventure de mon coeur
Ne t'atteint pas

Amoureuse
À peine tu le fus
À peine t’en souviens-tu
Tu étais jeune
Me disais-tu

Les risques que j’ai pris
N’ont fait que t’éloigner
Et chacun de mes rêves
T’exaspérer

Pourtant de moi tu as eu
Tout ce que tu voulais
Sans même le regarder
Un toit un foyer
Et la priorité

Et je t’ai poursuivie
Et appelée
Année après année

Comme je t’ai désirée
Comme je nous ai rêvés
Unis pour cette vie
Dignes de l’éternité

À quoi bon les regrets
Et pourquoi t’en vouloir
De m’avoir désappris
Étions nous l’un pour l’autre
Ou bien t’ai-je volée
Mais à qui

Te voici loin de moi
De mes secrets
Ouverts pour toi
Comme des veines
Et qui saignent

De quelle amitié parles-tu
Que veux-tu donc sauver

Comment m’as-tu aimé

Mais c’est la vie qui a jugé
La lumière est liquidée
Et je n’ai que ma peine
Pour toute dette

Comme tu es belle encore
Dans ton corps qui dit non
Qui ne dit rien
Comme mon âme encore est pleine
De ton nom

Il est bon
Même doux
De ne s’attendre à rien
La vie en brume
Savoir qu’aucune ne vient
Ce n’est que l’air qui me sourit
Que je chantonne
Qui me va bien
Cet air de rien
Le mien

Au revoir mon aimée
Notre légende emplit le vide
Livre les mots
Que je te signe

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Un rêve t'a choisie

Un rêve t'a choisie

Les rêves se suivent
Mais sans se ressembler

Et c'est ainsi que l'autre nuit
La jeune femme s’est noyée
Que je portais en moi
Et ce fut sans dommage

De pluie et d’eau elle était née
Visage de marée
Paysage en émoi
Qui devient vague
Qui se retire

Et j’ai couru couru à perdre haleine
Pour échapper aux criminels
Mais c’est l’un d’eux qui m’a sauvé
De mon sommeil

Les rêves se suivent et se rassemblent

Et c'est ainsi qu'elles sont venues
Celles que j’ai le plus aimées
Pleines de paix

Elles se sont regardées
Leur silence chantait
Toute ma peine
Envolée

Même la plus fidèle
La plus aimée
S'en amusait

Alors la dame s’est approchée
Pour la première fois

Allongée près de moi
Tu m’as souris
D’un visage délié
Tes boucles enfin apprivoisées
Tranquille dans l’herbe sage
Cela nous suffisait

J'ai regardé autour de nous
La paix flottait toujours

Et c'est ainsi que je me suis levé
Songant que lorsque je te reverrai
Enfin nos yeux feront l'amour





Si je veux prier

Si je veux prier

Si je veux prier
Je ne le peux
Étant déjà prière
Écoute émerveillée
D'un silence de pierre

La mouche a pris la forme
De l’oiseau
Mais les oiseaux s'envolent
Et mon cœur sur la touche
Voudrait se rendre

Mille fois j'ai pleuré
Au même endroit
Quoi donc a poussé
Sous tant d'émoi

À quoi bon revenir
Sur les pires tristesses
En voici de nouvelles
Creusées dans la lumière

S'il vous venait un vœu
Si vous pouvez
Changez vos yeux
Ne pleurez pas sur moi
— Pleurez de vous




plaines vierges

Plaines vierges

Je vous parle des pleurs nouveaux

Des chants de larmes
De l’autre dieu

Des plaines vierges
Au pas des amoureux

Des champs de vagues
Moisson de l’âme
Pleine

notre soif de consolation a besoin d'impossible pour être rassasiée

NOTRE
SOIF DE
CONSOLATION
A BESOIN
D’IMPOSSIBLE
POUR ÊTRE
RASSASIÉE



Celui qui craint que sa vie ne soit
vaine, où trouvera-t-il le repos ?

Sur la Terre comme au Ciel, je suis dépourvu
de garantie, et ne puis me reposer d’exister.

Je n’ai pour ma part reçu en viatique ni révélation,
ni système ; l’époque ne m’a pas non
plus légué la fureur extensible de l’enragé, ni
les rassurantes croyances du rationaliste, et
même le Dieu demeure sans nom en sa maison.

Partageant le sort commun, j’en connais
donc intimement vanités, bassesses, médiocrités,
avidités ; et ne puis donc mépriser ce
prochain, dont tout semble m’éloigner.

Ayant exploré également l’inimaginable
diversité de nos motivations et subi, normalement,
le poids des déterminismes, j’ai dû
renoncer à m’ériger en juge de qui que se
soit, dont moi-même – laissant le feu et le
vent, l’eau et la terre m’enseigner la lumière,
tandis que mon ombre toujours me retient.

Sachant cela, je suis quand même bien certain
de quelque chose ; la soif de consolation
que connaît l’être humain demande l’impossible
pour être rassasiée.

Mais qui donc l’a approché ?
Quels récits nous rapportent les pas des héros
sur la terre inconnue ?
Et où est–elle ?
Que nous manque–t–il pour la trouver ?
Qu’avons–nous trouvé à la place, pour
qu’elle ne nous manque pas ?

En ce qui me concerne, j’éprouve et respire
toute consolation, comme le plongeur prend
sa respiration.
Quoi que j’en saisisse, là où je vis, il n’en
restera rien, sinon la possibilité.
Car partant où, de prîme abord, une consolation
se présente, l’homme aperçoit comme
un autre lui-même, dans un autre élément, où
justement il ne peut demeurer.

Bercé ou surnageant, le voici ballotté entre
savoir et sentiment, sans rien pour le guider
au-delà de son insatisfaction, sinon cette
insatisfaction.

Du sort que chacun lui réserve dépend l’intensité
de sa vie, et de la qualité de celle-ci,
sa dignité.

Qu’a-t-on alors entre nos mains ?

Puisque je suis un homme ; une femme qui
m’attire, un ange qui me sourit, un ami
comme abri ; me laissant soudain entrevoir
d’autres correspondances, réveillant en moi
l’élément féminin.
Puisque je suis enclin à la poésie ; un arc de
mots, que je ressens de la joie à tendre.
Puisque le monde m’enserre de toutes parts ;
la maison intérieure, que je veux construire
plus vaste que lui.
Puisque la mort signe la vie ; le printemps
qui revient, surgissement de la promesse.
Puisque je me menace moi même, le conseil
que m’adresse l’esprit.

Mais il y a aussi des consolations qui viennent
à moi sans y être conviées, qui remplissent
ma maison intérieure de chuchotements
misérables et odieux.
Je suis ton plaisir – tu n’as pas meilleur Dieu.
Je suis ton talent – vends-le !
Je suis ton avidité – ton seul intérêt.
Je suis ta maison intérieure – méprise les
hommes !

Je dois donc apprendre à discerner parmi
tous “mes” appels ; et seule ma conscience
en profondeur peut, tout en se révélant,
accomplir cette tâche, où les années de peine
ne comptent pas, ni les joies ; où les peurs
s’engendrent d’elles-mêmes et se déguisent
à l’envi ; où je n’attends personne pour prendre
ma part, sur la Terre meurtrie comme au
Ciel abandonné.

Et c’est ainsi que pour moi, il ne suffit pas de
croire que, puisque nous ne sommes pas libres
de nos actes, tout s’équivaut et rien ne
compte. À mesure que progresse mon exploration,
s’engendre, du cœur de ma conscience,
un nouvel usage de la liberté, dans une
nouvelle vision.

C’est un pays que j’ignore, parmi les choses
et les êtres de chaque jour.

Fragile, me voici en ma mesure infime en
charge de l’univers ; à la recherche d’une
lumière qui ne s’éteint pas, avec quoi je pourrai
réchauffer mon prochain, illuminer mes
amours, sentir la brise du destin, fondre en
moi l’élément féminin.

Aussi faible soit l’homme, il veut pouvoir
être libre, dès qu’il peut le vouloir.

Dans cette démesure où sa vie s’articule, prenant
la forme d’une croix, le voici en position
de comprendre l’effrayant défi que l’éternité
lance à son existence, allant et s’en
allant comme la marée, sans jamais l’emporter,
sauf où l’on ne revient pas.

Je ne puis donc capturer mes joies, ni compter
les retrouver le lendemain ; bien qu’au
soleil de chaque jour, elles miroitent là-bas,
où je ne vais pas.

Je peux alors préférer rester assis devant ce
feu que j’ai moi-même allumé, m’éprouvant
indubitablement homme devant la danse des
flammes.

Et si ma maison intérieure ne brûle pas, c’est
une chance, ou un miracle, dans lequel je
cherche un sens, l’éclat d’une joie, une paix
qui durera.

Mais le malheur s’abat sans trêve en trombes
gigantesques tout autour du monde, noyant
les foyers par milliers, me prenant par le cou
pour m’entraîner dans ses “raisons”, bien
plus fortes que toutes mes consolations.

Que devient alors le sentiment humain de
fraternité si ce n’est une misérable illusion
pour justifier nos avidités ?

Ceux qui souffrent crient en vain ; les vivants
sont impuissants, les morts ne revendiquent
pas.

Et pourtant, jouant de moi, voici le
soleil qui revient, la peine qui m’abandonne,
au moment où je m’en faisais un refuge, me
poussant à espérer de nouveau, me soufflant
d’autres vérités, que je ne connais pas, mais
qu’il me faut poursuivre encore, saluant l’arc
en ciel, courant après, comme si je pouvais
l’attraper, en faire un monde, et enfin m’y
arrêter.

Mais si je suis bien certain d’une chose, c’est
qu’il me faudra toujours marcher.

Je peux remplir toutes les pages blanches
avec les plus belles combinaisons de mots
que m’inspire l’Amour ; d’autres en feront
des lois et l’écho se perdra !

Que devient alors le talent, si ce n’est une
consolation pour ma solitude, mais quelle
désespérante consolation, que celle qui me
fait simplement ressentir davantage l’absence
de toute communion.

Je suis alors tenté de renoncer, mais la vie
s’est trop avancée, tandis que le passé a fui,
d’autres voix m’interpellent, au-dehors
comme au-dedans, qui menacent mon présent,
si moi-même je ne le remplis pas.

Me voici donc à vivre par obligation, tandis
que ma conscience tremble et vacille sans
rien où reposer ; parce que d’avoir marché
jusque là m’a séparé de choses aussi simples
qu’un sol sous nos pieds.

Si je suis entouré, voici alors que viennent à
moi les plus proches, pour m’exhorter à
lâcher ma conscience profonde, son inutilité.

Mais il est déjà trop tard, je me trouve à présent
trop avancé au milieu de la nuit ; comment
saurais-je si j’ai rêvé le jour prochain,
quelles lueurs sont à l’aube, lesquelles vont
me brûler les mains.

Je sais seulement, mais sans consolation, que
beaucoup se sont risqués jusqu’à soi pour
s’enflammer de leurs propres clartés, pour
s’aveugler à tout jamais, pour se changer en
ombres.

Le sentiment de l’à quoi bon me gagne alors
si fort, que la plus belle joie m’est vaine, que
la “foi” reste plaquée au fond de moi, que l’amour
ne m’est rien.

Mais les liens noués me retiennent, les actes
que j’ai posés ne peuvent s’effacer.
Si je m’arrête, ce sera désormais une autre
façon de continuer.

Je n’ai jamais parcouru tant de chemin vers
ma liberté, qu’à l’instant même où elle
m’oblige à avancer, parmi les sables et les
ruines, l’odeur âcre des regrets ; jusqu’à traverser
l’étouffante impression que je ne la
servirai jamais.

La voici donc maintenant, qui brille inaccessible,
sur une terre jamais foulée, où tremble
chaque pas.

J’aimerais tant lui demander où je vais ; mais
je ne suis plus tenté de l’attraper.
Car voici maintenant que, partout où je pose
les pieds, une nouvelle terre apparaît, parmi
les choses et les êtres de chaque jour.
Ceux qui approchent la voient ; voici que les
signes sont changés, le nouveau possible
apparaît dans ce nouveau sentiment qui
balaie tous les sentiments, cette embellie
vraie du quotidien qui m’emporte sur place,
m’enlève, me submerge…

Quel esclavage me retient, puisque au milieu
de tout, voici qu’il n’y a plus rien ?
J’ai perdu jusqu’à cette joie amère qui me
faisait sourire au milieu de mes ruines, me
réchauffait sous la neige de l’oubli.

Ayant passé toute preuve, ma liberté se trouve
à présent dotée d’une dimension merveilleuse,
où toute chose se change, par delà
son contraire.

En quoi consiste donc ce miracle ?

Tout simplement dans la découverte soudaine
que personne, aucune puissance, aucun
être humain, n’a le droit de faire peser sur
moi un devoir tel, que mon désir de vivre en
vienne à s’étioler.

Car si ce désir n’existe pas, qu’est-ce qui
peut alors exister ?

Là où la vie à présent m’a porté, sur ce rivage
étrange et familier, je découvre ahuri un
goût d’éternité réalisée.

Et je comprends maintenant que le temps
n’est pas l’étalon qui convient à la vie.
Tout ce qui m’arrive d’essentiel me rapproche
de cet état inconditionné où, hors du
temps, s’allume et grandit ma liberté.

À cette flamme que je reconnais, se consument
tous les projets que j’interposais entre
la vie et moi : jusqu’au pur éclat de joie sans
causalité, qui éclaire ce qui m’arrive, en lui
donnant la forme d’une destinée.
Je soulève donc de mes épaules le fardeau du
temps et, par la même occasion, celui des
performances que l’on exige de moi.

La vie n’est pas quelque chose que l’on doit
mesurer.

Ni le saut du cabri, ni le lever du soleil ne
sont des performances, mais quelque chose
qui veut grandir et atteindre sa perfection.

Tous les fils qui m’attachent au sort commun,
les innombrables déterminismes où se perd
mon existence, ne sont rien d’autre que
les points de départ sans cesse retrouvés de
mon accession à l’inconditionné.

Je découvre ainsi, dans la plénitude de toute
joie comme au revers de chaque épreuve, un
élément qui lui est à la fois immanent et
transcendant, insaisissable et sûr, et c’est
l’air et la matière de la liberté.

Je comprends alors qu’il n’est pas besoin d’avoir
la forêt de Walden pour prouver notre
délivrance : c’est en tous temps et en tous
lieux que je peux prouver qu’il est possible
de vivre sa liberté ; que vivre n’est pas une
habitude qui se poursuit à mon insu, et que je
peux, jusque dans les formes figées de la
société, saluer en moi, comme en chacun, la
ressemblance divine.

Nous sommes donc plus forts que ce
monde, qui s’arrête où nous recommençons
nous mêmes.

Et nous n’avons besoin de lui opposer ni foi,
ni raison, mais seulement la nostalgie de
cette joie sans cause, dont nous sommes la
destinée.

Quoi que je vive, cet avenir me tend la main.
Et quand surgit l’élément féminin du cœur
de ma réalité, m’apportant à nouveau le goût
et le sens d’aimer, je sais désormais immanquablement
qu’il en est l’Aube avancée, le Printemps
d’un seul tenant et non pas seulement
une fleur, le bonheur dispersé.

Telle est donc mon unique consolation ; qui
est bien plus qu’une consolation, et plus
aussi qu’une commémoration : comme la
recollection intuitive de la totalité qualitative,
ouverte à chacun dans le mouvement de
la conscience délivrée.

Je sais pourtant que la Victoire est “loin”, que
les épreuves seront toujours aux rendez-vous
que fixe l’imprévu, que les “échecs” sont
encore nécessaires, par quoi j’aurai à chaque
fois à m’ajuster.

Mais le souvenir du miracle de la délivrance
d’Amour me porte comme une aile vers un
but qui me ramène à chaque fois à l’équilibre :
une consolation en forme d’accomplissement,
plus prévoyante que toutes les philosophies,
plus tangible qu’une raison de
vivre :
sur le sentier qui monte en pente douce,
l’impossible reversé dans le possible ;
la liaison réinventée, absolument active,
de la Terre meurtrie et du Ciel abandonné ;
et la grâce, signe fidèle à chaque étape
— couronne que porte l’acte pur.

Laurent Chaumette, en hommage actif à Stig Dagerman

Malgré sa chute

Malgré sa chute

Nul ne me parle
Sinon la pierre le grain le rien
La poussière

Nulle ne répond
Que les signes de l’air du vent
Un oiseau sur un fil
Puis deux
Ou bien par terre
Une fourchette
Qui tient debout
Malgré sa chute

Rien ne me vient
Que ce monde à l’envers

Nulle ne me touche
Que la mouche
Assise au cimetière
De mes amours

Froissée

Froissée

La pitié que j’ai de toute fleur
Froissée
Est comparable aux yeux mouillés
Du dieu brisé
Un seul éclat
En redit l’unité

Et même le néant
Lui est lieu d’être

Couleur opaline


à Elsa

Couleur opaline

Couleur opaline
et dans le prisme
le nouvel arc en ciel
sur la cendre déposé
reflet
du nouveau ciel que je devine

tu m'accompagnes
sais-tu pourquoi
toujours à mots discrets
mais qui me donnent envie
de marcher près de toi
je te l'ai déjà dit

c'est comme si tu m'attendais
ai-je parfois songé
comme si tu longeais ma vie
sans traverser

un fleuve nous sépare
si tu cesses de créer
mais tu restes là-bas
à mes côtés

je nous regarde et je souris
nos corps sont opposés
mais un rien nous réunit
et de loin
et de près

je fais donc comme toi
c'est comme si je t'attendais

le 22 12, 22h22

Brillance

Brillance

Ô soleil soleil
De nulle part
Brillance au-delà des ciels
Celle que j’ai le plus aimée
Avait tous les visages

Réjouis-toi mon cœur
Parce que ce que tu pleures
Remonte sève

à la Dame de haute renaissance

à la Dame
de haute Renaissance


Que dire encore ?
Je te porte frémissante au creux de mon ventre pour que toi, tu aies un jour en toi mes yeux, enfoncés aussi loin que possible.
Un lac tout bleu, l'ondée illuminée et le halo doré des lunes à venir.
En sens-tu tout le vrai ? Je l’étendrai, le beau qui nous unit.
Comme je te veux ! Comme je te sens, versée en moi.
Je ne sais comment le ciel s’y est pris, pour descendre par la cheminée, déposer sur la cendre refroidie l'arc-en-ciel sans pareil, quel trésor sous mes yeux, jaune et bleu seulement, qui donc a bien pu l’inventer ?
En moi aussi la mer était en flamme, en moi aussi l’ultime braise s’est apaisée ; elle était si violente, qui aurait pu le croire, en la voyant infatigablement se rallumer, brûler de ci de là les mondes anciens en moi, les mondes anticipés aussi, qu'il ne reste plus rien, là où tu prendras place.
Comme je t’espère, comme je crois comprendre nos regards, et comme encore je n’ose y croire, après tant d’agonies.
Pourtant pour toi, par toi, et par-dessus mon toit, jamais je ne fus homme ainsi, me tenant par la main, je ne sais même comment, pour m’emmener danser de rien entre tes reins, ô si comme je crois tu voulais.
Mais même, cela peut-être ne suffira pas : malgré ce que dit la philosophie, on peut aimer en vrai, pourtant en vain, pourtant pour rien.
On peut tout traverser, et ne rien ramener.
Il n’est pas si facile de se sentir en même temps éclairs et puis jets bleus ; trop de lumière est un enfer, le trop d’amour sombre en mystère – et moi, ici, de quoi donc ai-je l’air ?
Je t’espère à en être humilié, sachant pourtant pouvoir encore vivre sans toi et même, s’il le fallait, t’ajouter à l'absence ; à toi aussi te dire adieu, de toi aussi, peut-être, en recevoir le pire ; exposer aux corbeaux le chant des oiseaux bleus.
Qu'en ont-ils retenu, du bout de ce bec qui leur sert de morale ?
Mais ne crois pas que je t’abandonnerai, quoi qu’il m’en coûte.
Puisque tout est détruit, qu'il n'y a même plus de route, la lumière passera.
Et moi, je la suivrai.