Qui êtes-vous ?

En guise de bienvenue !

"... c’est en tous temps et en tous lieux que je peux prouver qu’il est possible de vivre sa liberté ; que vivre n’est pas une habitude qui se poursuit à mon insu, et que je peux, jusque dans les formes figées de la société, saluer en moi, comme en chacun, la ressemblance divine."

27.7.06

Sur Armel Guerne

Signes des temps

La nuit est lourde. Noire, épaisse, la nuit ténèbre.
Et puis l’éclair. Signe éclatant dans la largeur du ciel. Le cœur a peur, les yeux ont mal, là où la vie est descendue, le diable danse, le feu dévore.
Mais sans qu’on sache ni où, ni comment, voici la roche pure, comme un diamant.
Le berceau du poète, la chambre de son amour, et la gloire de son père.
Sous l’effroi, les cœurs sont descendus, les cœurs cherchent leur île, il n’y a plus de noms, ou bien voici leur aube, avant le chant.
Les cris imperceptibles encore des étoiles du ciel et de la terre d’hommes.

Hier il était trop tôt, et nous voici après la nuit déjà.
La poésie, géante absence, a délivré son dernier cri. Il est si tard, il est trop tard, il n’y a plus de noms.
Rien que des signes, un hymne en croix, et l’âme, dans son corps étendu, qui ne sait plus sa fin. Sainte misère, où la pitié ne rentre pas, la demeure de l’étoile, la clé de l’ignorance.
Voilà où nous en sommes, fils des anciens passeurs éblouis du grand froid.
Il nous parle interdit à grands mots de silence, et parfois il se tait, le feu.
Il nous est une danse. Au long souffle qui vient, d’autres voyages ne disent rien encore d’une autre renaissance.
Malheur à nous s’il est trop tard !

J’étais encore enfant, mes pas devant comme un adulte, ma voix éberluée, le vent, le vent n’en revient pas.
Fils de qui, ici pourquoi. Et toujours cette croix. Et puis le lis. Et Novalis.
Le courage d’emprunter le chemin, la voie du dedans, le poids de l’autre guerre, c’est Armel Guerne qui me les a donnés.
Et j’ai juré d’aller tout au bout, coûte que coûte, ne plus jouer la vie, ne plus rien simuler, jamais, ne jamais fuir, ni la nuit, ni l’ennui, se faire rivière, berceau pour accueillir toutes les pluies de l’à venir.
Parce que vous ne savez pas, vous non plus, combien plus de noyés que de navigateurs ont été admis à chanter les gloires silencieuses de l’eau.

Aujourd’hui tout est vide, aujourd’hui tout est signe, il n’est que d’écouter.
Parfois cela me fait l’effet d’un linceul de silence, parfois c’est un bombardement de sens, le cri de mille morts, et par-dessus, la vie aimante, le sel ressuscité, et leurs présences.
Nos frères.
Et il était leur serviteur.