Qui êtes-vous ?

En guise de bienvenue !

"... c’est en tous temps et en tous lieux que je peux prouver qu’il est possible de vivre sa liberté ; que vivre n’est pas une habitude qui se poursuit à mon insu, et que je peux, jusque dans les formes figées de la société, saluer en moi, comme en chacun, la ressemblance divine."

30.4.06

Amour en son jardin


Amour en son jardin





Amour est délivré
Amour est sans besoin
Il est
Amour se promène
Parmi les chants
Sonne à ma porte

De ton coeur qui se referme
Il emporte le parfum
De ton sourire
Il prend la main
Et tes yeux qui s'éloignent
Il les tient
Dans le ciel déplié
Etoiles de sa joie

Amour est sans saison
Mais ressemble à la fleur
Je t'ai arrosée
Protégée
Bercée et assistée
Il est la rose bleue
Au jardin de mon coeur

29.4.06

Le ciel est bleu


Le ciel est bleu



Un vent de liberté vient caresser ma vie
Un vent d'amour étend soudain ma liberté
Le regret s'est envolé
Mon regard ne l'a pas retenu

Mais dans celui de toute femme
Je lis à cœur ouvert

Le piano s'est mis à jouer
Je n'ai qu'à l'accompagner
Ou bien je me mets à jouer -
Le piano m'accompagne

Toutes les pluies ont cessé
L'arc en ciel s'est dissout
Il n'y avait qu'un seul trésor
tout au-dedans
Le ciel est bleu





Etty Hillesum, "Aider Dieu"


Aider Dieu


C’est si bon d’apprendre toujours à nouveau à renoncer à l’autre. Au fond, une relation n’est rien d’autre, ou n’aurait besoin d’être autre chose qu’une continuelle renonciation l’un à l’autre, afin de se rencontrer encore plus intensément sur une plaine plus élevée.


Je dis que je me suis expliquée avec la souffrance de l’humanité mais ce n’est pas tout à fait juste. Je me sens plutôt comme un champ de bataille où se vident les querelles, les questions posées de notre époque. Tout ce qu’on peut faire, c’est rester humblement disponible pour que l’époque fasse de vous un champ de bataille.

La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme tout cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous.

La vie et la mort, la souffrance et la joie, les ampoules des pieds meurtris, le jasmin derrière la maison, les persécutions, les atrocités sans nombre, tout, tout est en moi et forme un ensemble puissant, je l'accepte comme une totalité indivisible.

Soyez simple et vivez simplement. Ne faites pas de vagues, n'essayez pas d'être intéressant, gardez vos distances, soyez honnête, combattez l'envie d'être bien vu des autres.

Laisser celui qu'on aime entièrement libre. Le laisser vivre sa vie, c'est la chose la plus difficile au monde.

La vie est belle et pleine de sens dans son absurdité, pour peu que l’on sache y ménager une place pour tout et la porter tout entière en soi dans son unité
alors la vie, d’une manière ou d’une autre, forme un ensemble parfait.

Dès qu’on refuse ou veut éliminer certains éléments,
dès que l’on suit son bon plaisir et son caprice pour admettre tel aspect de la vie et en rejeter tel autre, alors la vie devient en effet absurde : dès lors que l’ensemble est perdu, tout devient arbitraire.

Nous sommes dans l’absolu, ici et maintenant
il n’y a rien d’autre à connaître que ce qui est,
rien d’autre à aimer que tout.

Et quelque part en vous il y a quelque chose qui ne vous quittera plus jamais.


(Citations : Une vie bouleversée)












28.4.06

La fleur bleue





La fleur bleue

à l’amoureuse


La mélodie de tes sourires fait ce que font les étoiles dans tes yeux.
Un piano de lumières.
Entre la terre et le ciel exactement, je joue pour toi le verbe.
Tu verses à ma vie le silence d’un océan de douceur.
J’ignorais que cela existait.
Mais pour demain je ne sais pas.
Tu as valsé en moi, alors la valse est revenue en moi.
Et souvent je crois que le chant n'attend que toi.
Mais si c'est toi, je ne sais pas.
Je suis si étonné de toi.
La fleur de Novalis, l'astre dans le ciel des dieux, la fleur bleue,
voici qu'elle s'ouvre en moi ; et la grâce de toutes les fleurs vivantes,
dans la luxuriance du jardin promis, répand pour chacune d’elles
au plus loin son parfum.
J'aime aussi loin que le vent l'autorise, sur les ailes des anges.
Et souvent de reflets en reflets, de loin en loin, je te sens te marier
à la forme des îles où je pourrai peut-être un jour poser mon âme.










25.4.06

On ne peut vivre sans amour



On ne peut vivre sans amour




Où es-tu chrysalide
Du jour en pluie
D'étincelles qui font le chant
Sur la rivière en plis d'argent
Offert
A mon âme aérienne

Et je serre un appel
Dans mes bras et frissonne
Et c'est d’elle

Ô pourvu que mes yeux ne tremblent pas
Lorsque l'éclair
Visitera l'aveu

Je n'ai qu'un seul soleil
Où l'horizon sourit
Et c'est elle

Je n'ai d'autre promesse
Que l'illumination
Du sourire de ses yeux

Que d'agonies avant
La pure apparition
Blanche dans mon coeur
De lys

J'ai eu le temps de l'arpenter
Cet élégant amour
L'absence est dans la ville
A chacun de mes pas

Le vide qui s'est fait
Ce mur dressé
L'allocution de l'ombre
Le désert sans la dune
M'ont enseigné le voeu

On ne peut vivre sans amour
Ni prier sans enfance

Je suis toujours l'enfant
Dans les bras de la mer
J'ai toujours son visage
Pour unique rivage
Des larmes miraculées
Déferlent sur la plage
En perles du passé

Combien sont-ils loin du nombre
Toujours dignes
Et parmi les derniers
Où va-t-elle

Et quant au nombre
La détresse au coeur du monde
C'est en eux qu'ils la fuient
Le malheur ils ne le parlent pas
Mais bavardent l'ennui
A l'ombre de la mort
Qui vit
La grande tristesse au fond de l'âme humaine
Ne leur dit rien
L'âme non plus
Ni la grandeur
Ils ont tout rétréci
Comme leur joie
Chétive et leur tendresse
Fétide va aux yeux clos
Derrière les volets de leurs fêtes
Grasses
Dans leurs regards vides
Ce qu'ils nomment la vie
N'a pas même à mourir
L'avidité malade
Ils la nomment désir
C'est dans la fange
Qu'ils voient l'ange
L'être au néon
Et la lumière
Néant

Devant un ciel qui se relève
Prudents ils se taisent
Et disent
Que la vie est belle

Au lieu même de leur cri
Le sang des autres leur paraît
Rose
Et bleu le gris

Ils ignorent la guerre
Qui ment de tout
Mâchent leurs mots
Vomissent la lumière

Ainsi se rejoignent
La prière et le frère
Le vent violent le souffle
Et la lenteur du ciel
La robe de l'amante
La nudité du coeur
Le sang
La peine

L'instant est éternel comme
La main ouverte
Aussi loin que suffit
A la nuit inversée
L'aveu du jour




















22.4.06

Le dépôt





Le dépôt d'une vérité qui n'est la tienne
Qu'un seul jour ou pas même un moment d'un seul jour,
Te souvient-il de son envol qui élargit
Soudain tout un espace au-dessus de ton âme
Et te donne un élan dont tu ne te savais
Absolument toi-même pas capable ?
Te souvient-il de cette approche comme un comble
Merveilleux du vide, de la tranquillité
Soudaine du vertige et de la paix en toi ?
Ou te laisseras-tu l'oublier comme d'autres ?

Armel Guerne

21.4.06

Passez-moi le désert







D'abord, il ne reste à peu près plus personne pour seulement, secrètement, silencieusement, souverainement - lire.
Parce qu'on n'est plus jamais seul, parce que l'intimité est fracassée, le bruit partout, la servitude tout équipée.
Ensuite, la tristesse a plus d'amour, d'élan même, sans dire sa grandeur lorsqu'elle approche la rive des toutes premières étoiles oubliées, que vos pauvres amours à l'étalage, vos sentiments soldés pour qu'un miroir brille, mais il ne s'agit que de vitrine, comme toujours.
La tristesse, oui, comme deux mains jointes, notre prière retrouvée, l'eau vive qu'on recueille, goutte à goutte, dans la suite précieuse de nos deuils ignorés. C'est là que l'homme sait : où il en est, l'éclipse qu'est sa vie, et cette énigme universelle :
sentinelle, où en est la nuit ?

Il n'y a plus de sentinelle, d'autres combats font rage, l'actualité a ses troupes partout, qui nous occupent, et font mentir tout ce qu'elles tuent.
Que dire de l'amitié, temple des cœurs, détruit par les marchands, les vendeurs d'âme que chacun porte en soi. Pour l'amitié, nous n'avons pas le temps, le stock est épuisé, il faut courir derrière les ombres, et cela coûte cher, cela prend une vie.
Et il n'y a plus de mort non plus, juste une vague peur, qu'on laisse se retirer, l'ennui est préférable, les vieux n'en sont plus, reste une effroyable éternité à l'agonie, en chaque seconde qui se meurt, derrière les geôles des regards égarés.
Et vous voudriez que j'achète vos promesses ? Et que je négocie ? Vous m'invitez à visiter vos rêves, qui n'en sont pas, mais vous ne savez pas, oui, cet océan sans fin de la tristesse fraternelle, cette terreur maternelle à quoi vous préférez n'importe quelle nouveauté : oui, je n'ai pas voulu l'abandonner, j'attends d'elle le signe, je saigne pour ses ailes, et je préfère sa plainte déchirée à la complaisance de vos désirs, depuis longtemps muets.

20.4.06

Exil


Exil


Si heureux parfois
A ramasser l'enfer
Et j'ai peut-être trop souffert
A promener le paradis

Combien de vies
Et une seule mort
Combien de morts
En une seule vie

Un jour la pluie
Une nuit l'arc en ciel
Je ne l'ai pas compris
Mais j'ai souvent pleuré mes frères

Quoi de plus triste que ton prénom
Au fond de moi
Visage de tant de lunes
Au clair noyé au fond d'un lac

Mon coeur aurait vingt ans
Mais mes mains ont vieilli
Nulle ne les tient
Ces mots sont sans écho






19.4.06

Âme à la mer

Âme à la mer


Fierté de l'âme
La haute voile
Une promesse
Que l'on déroule
L'île est déserte
Larmes de pierre
Lave qui roule
La mer s'écarte

Mon coeur est sans naissance




18.4.06

Quand chute l'eau


Quand chute l'eau


Ce sont des cascades
Aux plis majestueux
Mille éclats s'y déposent
Et font le vent tout bleu

Des notes d'eau s'élèvent
Remplissent l'âme
Le vertige est en chant
La rivière clame

Oui mais elle fuit
Et lui s'éloigne
Ce sont des larmes
Et puis leurs cris

Jusqu'à la source
La vie se vide
Jusqu'au mystère
Le ciel s'achève




17.4.06

Hollow


Hollow


Jour sans ciel
Un silence oublié
Au beau milieu du coeur
Mon sang est vide

Je pense à elle
L'élégante amoureuse
Elle est fête pour moi
Des réserves d'amour
Pour l'infini des nuits

Elle aurait pu me prendre par la main
Être la soeur
Et la violence incandescente
Du bonheur

Je revois cette femme
Elle était une chance
Son corps si doucement penché
L'inclinaison de son sourire
Pour l'au revoir

Et son charme
Je ne sais le décrire






16.4.06

A l'ombre d'une femme en pleurs


A l'ombre d'une femme en pleurs

Elle suscite le verbe et le revêt
Sa robe claire
Danse
Au soleil une éternelle adolescence
Mais notre enfance a fui

Je l'ai surprise à la fontaine
Assise tristement sous les grands arbres
Pensive
Devant le miroir
En proie à l'ombre des nuages

Sombre est le puits
Où la mémoire se vide
D'aimer
Les bras ouverts
D'en recueillir le vide

Je cherche encore le visage
De la femme et de la fille
Le deuil
Et au-delà l'empreinte
Où elle renaît

Ô le visage humain
Les plis d'amour défait
Le vent
Dans chaque ride l'affreux sourire
Du bonheur simulé

J'habille son regard de mon amour
De tout l'amour que j'ai volé
La nuit
J'insiste du sourire
De l'ange abandonné

Mais je ne sais
Comment éteindre la pluie
Que faire
De la plage oubliée
Ni pourquoi vivre



14.4.06

Relais.

Notes à une amie :


J'adore recevoir une chanson ! (ce qui n'arrive à peu près jamais). Celle-là me plaît... évidemment...
A ce propos je me demande si je ne suis pas fou parfois d'aimer comme j'aime, et si cette folie a raison.
Mais les jours et toute la vie y prennent de telles couleurs...
De toute façon, je n'ai jamais eu d'autre choix.
Je n'ai cessé de m'étonner deepuis la plus petite enfance : où est la Vie ?
Alors je sanctifie la raison sur l'autel de l'amour - et je sanctifie l'amour sur l'autel de l'amour.

__________________
ajout ce jour sur le blog (je lis Guerne depuis bien longtemps : une lucidité foudroyée trempée vive dans le feu de l'amour) :


L’ivresse de la poésie :
La poésie est une dictée libre
elle n’obéit qu’à l’esprit, pour faire danser la lettre.

Guerne :

Un ciel, une maison, une femme.

Puis le ciel diminue, la maison devient un building, la femme disparaît. La terre, toute conquise, devient une énorme entreprise, une usine formidable, un instrument fatal de spéculation.

(…)

Un grand poète, c’est quelqu’un qui vient. Quelqu’un a qui il a été donné de tenter quelque chose, dans la mesure de l’impossible, pour approcher. De soi, de vous, de Dieu : un frère humain.

(…)

La joie que j’ai habite où elle habite, et chante dans l’éternité, aucune tristesse ne peut l’abattre, lorsque même je suis, moi, abattu de tristesses. La joie que j’ai habite mes tristesses et son sourire brille au fond de mes larmes.

(…)

Le bonheur, aujourd’hui, doit être immense pour exister. Uniquement exister. Face au désastre. Il ne peut plus se contenter seulement d’être heureux. Il lui faut, avant tout, pouvoir en supporter le poids. Le soulever. Le poids du monde et le poids du temps. Avant de naître. Pour n’être pas une insulte au malheur du monde.

(…)

Le bonheur est devenu notre bien le plus grave et le plus menacé, le plus précieux et le plus rare : le seul foyer incandescent de l’espérance. Une image du ciel et son appel. Sinon la chair est morte et la terre épuisée, le monde fossoyé.

(…)

La création poétique ne commence en réalité qu’en cessant d’être un jeu littéraire pour reposer sur une expérience hardie où l’être tout entier se risque en risquant son poème, où l’écriture est une forme capitale de la vie.

(…)

Il y a en nous quelque chose qui sait.

(…)

On choisit son ciel, mais on subit son enfer.

(…)

Comme il n’y a plus rien dans l’histoire des hommes, à quoi puisse tenir l’esprit, ou le cœur, je m’attache aux saisons, pourtant déjà bien compromises elles aussi, mais dont il reste comme une trace parfois encore dans les jours de l’année.

(…)

Il n’y a que deux sortes de poésie : la poésie de quête et d’assaut, qui vit jusqu’à la fin à la recherche de l’enfance. (On reconnaît dans celle-là tous ceux qui n’ont pas eu de mère, soit qu’elle ne fut pas là, soit qu’elle fut méchante. Baudelaire – Rimbaud – tous les « spirituels.) Et la poésie de nostalgie, qui la prolonge jusqu’à la mort, celle de Rilke, par exemple.






13.4.06

Si.


Si.



Il est devenu si difficile de t'attendre, si affolant de t'espérer. Quel parfum laisseras-tu dans mes jours, si jamais je n’ai senti la douceur nue de ton désir ?
Si je pouvais la nuit mourir, épuiser tout élan, l'échouer abandonné sur la plage, rescapé halluciné qui se relève de pleurer, laissant les regrets se mêler au repli des marées, et j'habiterais cette île.
L'amour auquel je me dois, qui me régit, pourrait bien me traîner sur les pas de la vie, j'irais comme l’ombre qui laisse la lumière filer : la fin dans l'âme comme un plus beau départ.

Il est devenu si difficile de t'attendre, si affolant de t'espérer, parce que simplement de l’innocent attrait qui s'amusait, s'est composé au fil des jours le désir océanique qui te répand en moi, pour me troubler, et qu’une simple goutte a pris dans tes plis tous les contours des océans ; qu’alors le fond de mes silences est incendié, et l’eau y joue avec le feu, le vent les marie, ma vie chavire au creux de toi. Alors si tu pouvais seulement m’aider, et tu tendrais la main vers moi, m'effleurerais du bout du coeur. Je me rendrais, et nos sourires pourraient ne plus quitter nos yeux.

Il est devenu si difficile de t'attendre, si affolant de t'espérer. Si tu viens sur cette île, quelle prière trouverai-
je alors pour le don de l'ivresse amoureuse qui enfante en poésie les nouveaux chants d'amour ? Et si tu ne viens pas, quel mot ajoutera l’exil ?











12.4.06

La porte du Paradis











La porte
du Paradis





Le silence
Danse

L'absence
Couvre ma vie

Une tendresse sans adresse
M'enveloppe

Ni oui ni joie
Le froid est triste

Sous mes doigts le piano
Joue des mots

La grâce qui s'éteint
M'embrasse

L'ombre m'étreint
Le vent m'enlace

Passe ma vie
Sans ton visage

L'ange en visite
Songe

L'éternité s'allonge
Auprès de moi






11.4.06

Le temps a fané

J'attends des jours et des nuits pour être digne d'un seul instant, le recueillir et l'emmener avec toi sur les collines de Rimatara, où tu promenais ta jeunesse splendide, ma princesse, rieuse dans mes yeux éblouis, ta grâce enfantine parmi les hautes herbes et la tendre douceur de tes seins amis, dans la luxuriance du bonheur fragile, qui a fui.





Tant pis


Nous croyions que nous le verrions
De nos propres yeux, le monde nouveau,
Où l’homme ne serait plus
Un loup pour l’homme, mais où
Tous, hommes et femmes,
Seraient à la fois frères et amants.
Nous ne le verrons pas, aucun de nous ne le verra.
Il est beaucoup plus lointain que nous ne le pensions.
(...) Tant pis.
Nous étions des camarades.
La vie aura été bonne pour nous.
Il est bon d’être courageux :
Il n’y a rien de meilleur.
La chère a meilleur goût,
Et le vin plus d’éclat.
Les filles sont plus belles.
Le ciel est plus bleu. (...)
Si les beaux jours ne viennent jamais,
Nous ne le saurons pas.
Nous ne nous en soucierons pas.
Nos vies auront été les meilleures.
Nous fûmes les hommes
Les plus heureux de notre temps.


Kenneth Rexroth, 1952

10.4.06

Les yeux de l'océan

Les yeux de l'océan


Nul n'a cueilli la fleur de mer
Le parfum s'est noyé
Aussi loin que je fus
J'ai vu des naufragés
L'enfant attend son père
Et pleure
La mère ferme les yeux
Un amour meurt
Le sang de l'océan
Pleut
Aurions-nous été heureux
Près des falaises
Le vent chasse l'adieu
Aussi loin que je fus
Je n'ai vu que prières
Et deuils
Le pur amour chante encore l'innocence
Qu'apporte la marée
Et dans mon coeur tout bleu
Un ciel en feu
Attend
Et c'est l'oiseau
L'aveu qui fuit
Demain ne sera pas si beau
Que nous voulions
J'ai jeté tout là-haut
Le plus beau voeu
La mer est triste
Et se brise
Les yeux de l'océan
S'aveuglent
L'aveu est si violent
J'ai mal d'avoir vécu






9.4.06

1000 oceans



These tears I've cried
I've cried 1000 oceans
And if it seems
I'm floating in the darkness
Well, I can't believe that I would keep
Keep you from flying
And I would cry 1000 more
If that's what it takes
To sail you home

Tori Amos

A l’égérie


A l’égérie



Une fois tu m'as donné une occasion limpide, que je n'ai pu saisir, étant troublé. Depuis, tout est comme une valse, mais au dernier mouvement, toujours je reste triste. Et toi, tu n'oses plus. Mais que pouvais-je bien faire, ma chérie ?
Notre désir ressemble au rêve d'un enfant parmi des troupes au garde à vous ; comment faire plus que te sourire, qu'échanger d'autre qu'un appel silencieux, que puis-je te donner de mieux que le clair de mes yeux, comment pourrais-je même seulement te frôler ?
Et pourtant, comme tu me manques !
Et c'est "nous" qui me manque - parce que je vois souvent déjà nos pas dans les allées, nos rires sur la jetée, la paix profonde dans le soir
oublié, et qui nous lie, et tant d'amour en pluie ensoleillée sur notre lit.
Je sais déjà ta confidence, et ta main sans trembler, je te sais recueillie, attentive, penchée si doucement, de toute ta confiance, à la source sacrée du chant du jour prochain, où je m'en vais te refléter.
Parce que tu sais, la mer fut ma muse, tu es la lune, l’égérie, et dans mes mots comme un soleil le verbe rayonne ta couronne.




Ce que tu es pour moi


Ce que tu es pour moi



Le jour au réveil hisse haut tes couleurs
Et j'en suis ébahi

Je sais et je ne sais comment tu t'y es prise
Pour ainsi t'immiscer
Parmi les anges
Lorsqu'ils descendent s'accrocher
Aux branches de mon âme

Je vois des fleurs dans les arbres
Et ton visage

L'air le soir semble danser
De toi
La douceur qui s'y mêle
A ton regard

Une fée m'accompagne
Et partout où je vais
Elle me penche vers toi
D'un geste négligé
Elle enchante ton nom

Te dirai-je mon amour
Comment tu as gagné mon coeur ?

Tu n'es pas l'amour fou
Pas le premier amour
Ni la femme de ma vie
Ou la foudre
Dans mon coeur tu n'es pas le déluge
Mais l'oiseau
Sur le rocher le nid
Entre les gouttes
Le vol léger
Dans le ciel en exil
La terre qui m'est promise

Quel dommage si
Les jardins nous oublient








7.4.06

L'amour est Là.

La poésie est faite pour porter secours au plus malheureux, pour le sauver dans les pires circonstances, rendre son coeur à qui l'a perdu. Ce n'est pas le poète qui compte, ni le poème non plus. Le lecteur seul, et cette étoile qui se lève, inattendue et impossible, dans le ciel de sa tristesse ; la chaleur dans le froid ; l'espérance inconnue dans l'océan connu et tourmenté du désespoir. L'amour est Là.

Armel Guerne
Fragments

Les Cahiers du Moulin (http://jm.saliege.com/armelguerne.htm), qu'éditent Les amis d'Armel guerne, publient dans leur numéro 8 le poème Graine Mère, dévoilement vécu puis écrit lors de l'été 2005.







Comme un torrent


Comme un torrent




Le souffle attend longtemps et c'est la nuit, où se reforment des serments plus profonds, élevés jusqu'où se courbe le lointain, sous la caresse infinie d'un appel oublié, enfoui dans les mémoires, où je me suis promené, toute ma vie, cherchant le secret d'un passage si fragile que le poids n'y tient pas, quel qu'il soit ; mais la lumière l'a déjà traversé, et reculer n'a plus de sens.
J'en ai rêvé, de ces visages purifiés, où tu resplendissais, promesse aimante. En vain. Mais mon coeur s'élargissait, mon âme apprit le large, j'y ai connu les émotions sauvages, qui roulent follement dans le repli des vagues, lorsque la houle échoue à traverser l'ultime frontière bleue, la barrière de corail, en explosions nacrées jaillissant sous le vent, perles par milliers suspendues à ton nom, que les lagons ont apaisées.
C'est en me déchirant que j'ai aimé, qu'en moi les anciens mots ont repris feu, et je ne sais encore ni comment ni pourquoi, oui pourquoi j'ai survécu. Mais j'ai touché la rive, où meurt et vit le fleuve.
Patience mon coeur. Sur la plage abandonnée, poussent toujours des fleurs ; c'est dans la transparence triste de leur tige que tu nourris ta joie, sève sans nom, captive encore du corps étroit, mais qui attend l'ouvert, un horizon d'en haut, quand tu auras franchi toi-même la barrière, les rochers, les trous d'eau, les chutes gigantesques, avec l'accord de l'oiseau, et le vent déplié, et tu te lèveras sur la montagne, comme une menace éperdue qui plonge de nouveau. Et lorsque je reviendrai, comme un torrent, je trouverai ton nom, ton visage et ton ciel, je le rafraîchirai, et je ferai de toi l'amante des marées.








5.4.06

Quoi qu'il arrive

Quoi qu'il arrive






Avant de te connaître, mon coeur est remonté du fin fond de la nuit, je l'ai ouvert, fleur éclatée, corolle jusqu'au ciel, et j'ai réinventé le goût d'aimer, l'émoi parfait. Mais je suis resté seul, et seul j'ai avancé, avec mon âme déchirée, jusqu'à la rive abandonnée, où ma vie a échoué. Où tu es apparue. Le temps qui se conjugue à tes traits m'a rendu amoureux comme je le rêvais, comme cela ne m'était jamais arrivé ; te désirer m'a guéri, la réciprocité lentement élevée entre nous me soulève, et là où cet amour respire, là tout est pur. Alors quoi qu'il arrive, que nous puissions ou non nous enlacer près des étoiles bleues, je ne serai plus jamais amoureux comme tu as su le faire en moi : je la voulais ainsi, la vie me l'a donnée, la promesse éblouie.
Je vais peut-être rester seul, peut-être ne soulèverons-nous jamais le tout dernier obstacle, celui qui change en or le coeur des amoureux, le
voeu d'amour qui devient oui, et qui prend feu.
N'empêche. Mon coeur est plus beau qu’autrefois, l'ivresse plus belle,
le rêve a retrouvé le nom du pays des merveilles, et j'ai touché les plis
du rire d'une déesse.






3.4.06

Où sont nés mes émois

Où sont nés mes émois







Vient le matin vient le soir
Je pense à toi
Et je revois
Dans tes yeux le sourire d'une enfant
Dans tes troubles
Tous les voeux d'une femme
Et dans tes pas
La danse d'une dame
Et je ressens
Ton désir qui me frôle
Ton sourire qui m'embrasse
Et la caresse de tes yeux
Et je repense
A tes premiers regards comme
Des pas légers dans la douceur des soirs
L'été
Tes tout premiers espoirs
Où sont nés mes émois
Et j’habite
Tous les désirs de toi





Le premier pas


Le premier pas



Une ombre me suit, qui n'est pas mienne, le souvenir de celle pour qui j'ai eu tant de peine, pour qui j'avais formé une amitié stellaire, fait déborder la mer, et qui n'en a rien su.
C'est d'elle que j'ai lancé mon coeur, plus haut que le ciel, là où le bleu est blanc.
Elle n'était pas vraiment belle, et pas faite pour moi, j'ai juste vu sur son visage des mots d'amour dont la pâleur m'avait ému.
Je me suis trompé d'elle, mais j'ai volé.
Celles que j'ai aimées me reviennent, et leurs sourires, et leurs je t'aime, ce sont des traces amères, des soupirs, l'océan en tristesse.
J'ai mon aimée au bout du coeur, et lorsque je la serre, j'ai mal de nous, et je ne puis rien faire, mes pas s'éloignent, entre nous il n'y a plus le ciel, la terre est lourde, pourtant je l'aime.
Et puis il y a toi, mon record de sourire, tes yeux d'anniversaire.
Nulle ne m'a regardé ainsi, comme si tu te mêlais de moi, comme si tu lisais dans mes yeux le printemps de la terre et du ciel, le chant doré des amoureux.
Je suis peut-être idiot de toi, soûl de te danser en moi, fou de croire que c'est toi, enfin toi.
Il n'y en a peut-être aucune, c'est peut-être trop bleu, le monde n'en veut pas, je ne suis que ces ailes perdues, ce vent maudit, ce retour inconnu, la vie d'un autre ciel ; alors, ici, qui en voudrait ?
Ô je t'en prie, si vraiment je t'attire jusque par-dessus les toits, si tu devines nos promenades et la rive éblouie, si tu rêves de me sentir en toi comme naissent les étoiles, si c'est bien toi l'amie dans la prière de mes chants, fais toi douce, habille-toi d’amour et viens vers moi, fais donc le premier pas, puisque de toi il est de danse, et moi, en échange, je te laisserai ma vie comme une éternité amante.