Se pourrait-il que j’ai connu
Tu viendrais t’échouer, confier ton cœur à la marée, parmi l’écume, les traces effacées…
Et puis l’envol, la plongée sans limite, le haut s’est renversé, et tu nages en plein ciel.
C’est l’eau de la lumière qui est belle.
Et le poète, enfant désobéissant qui obéit quand même, saisit les traînées d’or et de feu, lave céleste qui l’envahit, le déborde, coule en mots dans l’eau claire et profonde, la plus profonde, et la brandit dans l’air nouveau.
L’homme alors marche sur l’eau.
Oui j’ai plongé, tout quitté pour te rejoindre, plus léger que la plume, lourd de tout mon amour – dans le profond de tes eaux claires, où une femme danse et chante tous les reflets des fleurs, quand paraît l’aube.
Là où la flamme vive prie d’être délivrée.
Il n’est plus beau séjour que l’amour qui s’élève, que la sève en sagesse où se rêvent les roses.
Frères du feu : gifle à mes joues, votre folle tristesse chante plus haut que tout l’épaule amie épanouie.
Frères du feu, cierges éternels, je n’ai que vous – et ma vie à genoux devant la flamme vierge, aux bras ouverts dans l’étendue démesurée de l’amour fou.
Et la lumière à la poussière mêlée a l’éclat du cristal – et ce qui saigne en moi, la saveur du salut.
Près de l’aurore où nous campons, la terre s’élève.
Le poème est le chant habillé de silence.
Tends les bras, ouvre le jour, dis à la nuit que les cœurs veillent.